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MARIE.

qui se levait, et avec un sourire plus gracieux qu’on ne saurait dire. — Je cherche une bergère. — Je suis une bergère. — Vous n’êtes pas celle que Geneviève me fait chercher… Et le doux sourire et le doux regard se voilèrent d’une teinte de tristesse. — Nommez-la donc, dit-elle d’une voix timide, et je vous la ferai trouver. — Je ne suis pas pressé de lui parler. — Vous couriez pourtant bien fort au-devant d’elle ! — C’est qu’elle peut m’arrêter dans ce village, qui est pour moi plus beau que tous les villages du monde. — Heureuse bergère ! dit la jeune fille ; et leur silence recommença.

La jeune fille mourait d’envie de soupirer. Elle en surmonta la crainte en parlant : il n’y a rien de si embarrassant qu’un soupir au milieu d’un grand silence.

— Eh bien ! reprit-elle, dites-moi donc son nom, afin que vous lui parliez plus vite. — Quel nom ? s’écria-t-il en revenant à lui-