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MARIE.

tous ensemble d’abord, parce que chacun avait sa chanson qu’il était bien aise de dire. C’était un chœur de joie, renforcé de tous les échos voisins. Quand tout le monde se fut contenté, l’étranger se vit obligé de payer sa dette, et toutes les voix répétèrent le refrain de cette ronde villageoise :

Ne le croyez, si l’on vous dit, un jour :
On meurt d’amour.
Lise, en pleurant, le demande à sa mère :
S’il m’en souvient, dit la vieille bergère,
Il fait du mal. — Mais elle dit plus bas :
On n’en meurt pas.

C’est que Colin me disait, l’autre jour :
Je meurs d’amour !
Colin est mort ! s’écria la bergère ;
Il n’est pas mort. — Mais il mourra, ma mère.
Non, mon enfant, reprit-elle plus bas :
On n’en meurt pas.

Pour mieux t’aimer, qu’il dise encore, un jour :
On meurt d’amour.
Ce mal ressemble aux épines légères
Qui sont aux fleurs : c’est l’attrait des bergères.
Béni soit Dieu, dit Lise alors tout bas :
On n’en meurt pas.