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LUCETTE.

Ces pensées ne faisaient pas courir la journée bien vite ; jamais Lucette n’en avait passé qui lui ressemblât. Si elles sont toutes pareilles, jamais ces deux années ne finiront, disait-elle encore ; et, malgré le vœu qu’elle avait fait le matin pour qu’il plût deux ans, elle ne put s’empêcher, vers le soir, de regarder au coq de l’église pour savoir s’il tournait au beau temps.

Rose ne parut pas sur la colline où les yeux de Lucette erraient avec tristesse. Lasse de n’y voir que les vignes agitées par le vent et la pluie, elle tourna le dos à la porte, et se pencha sur son ouvrage, car la nuit commençait à rembrunir les objets. Marguerite veillait, dans la seconde chambre, à des soins de ménage ; n’ayant pas de raisons pour s’attrister de la pluie, elle chantait, d’une voix monotone, une chanson qu’elle avait