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LUCETTE.

enfant, ma mère. — Nous avons du temps pour y songer, Lucette ; car vous êtes une trop petite fille pour penser toute seule. — Il faut donc avoir pour cela seize ans et bien des jours ? dit Lucette d’une voix timide. — Il n’est pas l’heure de t’en parler, mon enfant : habillez-vous, allez à l’église, et demandez à Dieu d’être sage. — Que me donnera-t-il, ma mère, si je suis bien sage ? — Il vous donnera, ma fille, une bouche riante, un sommeil sans rêve, et vous ôtera les larmes qui roulent dans vos yeux. — Hélas ! dit Lucette, qu’il me laisse rêver, et me donne seize ans !

Les habits de fête furent lentement ajustés. Le ruban bleu noué avec distraction, la collerette jetée au hasard dans le corset où Lucette respirait avec peine, quoiqu’elle ne l’eût guère serré. Elle eut pourtant la force, quand tout