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UNE FEMME

lités du corps et du cœur, pour en être vaine. La fierté à certains égards lui eût été fort légitimement permise. Mais cette précieuse enfant avait fait les pas essentiels, vers la suprème sagesse. Elle se

connaissait et se rendait justice. Elle comprenait qu’elle avait un gros nez rouge ; elle le savait et elle était humble ! Ah ! que le créateur n’a-t-il doué de nez rouges toutes les beautés de l’univers ! Avec tant d’inappréciables avantages, Maria descendait mélancoliquement les derniers échelons de sa dix-huitième année, sans qu’aucun amant se. présentat, qui lui offrît la main pour lui faire monter l’escalier du mariage. De loin à loin elle attrapait bien quelque fugitif admirateur ; mais du moment que, près d’elle, apparaissait Charlotte, sa sœur cadette, la pauvre aînée avait tort ; tout loisir lui tait laissé de penser à son nez rouge dans la solitude. C’était une cruelle et incessante tribulation. Ett-elle pu raisonnablement espérer que les larmes éteindraient la flamme de ce nez funeste et amoindriraient ses dimensions en le fondant, la triste Maria eût pleuré volontiers toutes ses larmes. Mais elle avait trop de bon sens pour avoir tant de faiblesse. Elle n’attendait point de miracles en sa faveur. Des innombrables panacées dont elle avait our parler, il n’y en avait aucune qui promit d’argenter les nez de cuivre. Nous avons dit que Maria était l’aînée des deux