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UNE FEMME

Si, il donnait beaucoup, il donnait toujours ; mais quoi ? de l’or, du sable : voilà grand chose ? De quoi le remercie-t-on ? qu’on s’en aille, il n’en donne plus. Ah ! si l’on veut qu’il entende, qu’il revive, qu’on lui dise Donnez-moi votre sang, tout votre sang ; et voici un cheveu pur de Fanelly. Oh ! la lèvre fraîche et innocente de Fanelly !….. Qui le désaltérera d’une telle soif ? Quant à l’emploi de son or, en voici un mot : Froid, muet, vêtu de noir, comme en deuil.de lui-même ; furieux d’avoir entendu sortir d’un cercle élégant, ce mot : Ah ! le joli homme ! Il s’était jeté seul dans les Champs-Élysées, champs affreux pour une âme consternée d’abandon ; il s’arrėtą épouvanté, et regarda derrière lui, devant lui, c’était la vie ! partout la vie ; et il y était, et il y serait ! Si du moins il pouvait ignorer qu’il existe, puisque c’est encore là exister ! —

-Monsieur !… monsieur ! dit un pauvre tout cassé de vieillesse, qui le voyant immobile sur son cheval se hasardait d’approcher. Un mouvement machinal, lui fit chercher. sa bourse ; il l’ouvrit, et donna au mendiant. De rapides signes de croix et un murmure inintelligible attirèrent ses yeux sur le pauvre : c’était une vénérable tête toute rayonnante de joie. Haverdale en fut surpris. Le vieillard effrayé de ce regard terne et fixe, leva sa main où tremblait la pièce