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UNE FEMME

sifflement d’oiseau dans la brise et dans le bruit des feuilles d’avril qui couvrent déjà leur route : les prés, les collines, les moulins, les rivières, tout fuit derrière eux, tout recule et s’enfonce à perte de vue, quand tout à coup le cheval qui a bronché suspend l’indescriptible élan qu’il a soutenu comme par magie et se fixe pour reprendre haleine ou mourir.

Une soirée sereine et fraiche terminait un des plus beaux jours du bâtif et chaud printemps. Ils avaient atteint les bords d’une vaste forêt devant laquelle s’ouvrait la perspective la plus profonde, où le soleil tombait au loin dans l’Océan ; l’aspect de la nature était sublime dans son repos doux et rêveur. Rivalto, descendu seul d’abord, se retourna vers Fanelly qui vivait à peine. Ce paysage ne vous enchante-t-il pas, ma femme ! dit-il, en le décrivant avec l’enthousiasme et l’emphase qui l’avait tant de fois transportée, et qui cette fois l’étonna… Elle attendait, il faut le dire, une question plus relative à leur situation présente, et cette quiétude recouvrée en si peu d’instants, ce pouvoir facile de, poétiser une scène si brisante pour elle, la frappa d’une triste surprise. Il vous calmera, continua-t-il en la posant à terre. Notre cheval est épuisé, et nous avons bien acheté, comme lui, le droit de nous reposer sous ces arbres. Calpetti va nous rejoindre. -