Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de lady Betty.djvu/64

Cette page n’a pas encore été corrigée
56
UNE FEMME

perdit dans des chemins de traverse et de vastes champs, dont quelques troupeaux épars animaient seuls l’étendue monotone. Que l’Italie, se disait-elle, sera charmante à voir avec ses enchantements qu’il raconte si bien ! avec ses palais blancs, son soleil de feu qui a fait son àme ! et ses bois d’orangers. Mon Dieu ! quand serons-nous dans la belle Italie ? car, n’est-ce pas une erreur bien enfantine que cette religion tant parlée du berceau ? Qu’y a-t-il donc ici pour moi ? Qui m’y retient ? Et deux larmes qu’elle ne sentait pas couler démentaient cette apostasie dont l’amour seul peut inspirer l’audace. Un irrésistible sommeil se répandit par degrés sur son intelligence et la plongea dans des songes vagues et immobiles. Cette nuit haletante d’émotion et de peur, l’étourdissement d’un voyage rapide et sans repos, le tourbillon qui l’enlevait dans cette fuite imprévue dont elle ignorait encore la cause, avaient abattu les nerfs délicats de Fanelly ; l’assoupissement d’une fièvre légère suspendait déjà ses idées ; sa tête encore tournée vers le ciel s’était inclinée sur son épaule quand un cri perçant brisa ses rêves confus et l’éveilla. Rivalto s’élança presque en même temps dans la chambre où il l’avait laissée ; l’horreur était peinte dans ses yeux plus grands, plus noirs que d’habitude. Suivez-moi, balbutia-t-il d’une voix basse et -