Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de lady Betty.djvu/63

Cette page n’a pas encore été corrigée
55
UNE FEMME.

dont la vigueur l’éloignait rapidement de tous ceux qui l’avaient aimée. Elle s’étonna surtout et s’indigna contre elle-même de frissonner d’un rêve, d’un fantôme qui l’obsédait et se posait devant elle au milieu du chemin désert sous la figure, morne et triste du jeune lord Haverdale : lui montrant d’une main obstinée et cruelle, eette ligne menaçante, ce mouchoir sanglant tout récemment détruit par elle. Vous avez quelque chose, Fanelly ! s’écria Rivalto qui la vit pâlir et s’arrêter. lui

— — Toutes mes bénédictions sur toi, Rivalto, répondit-elle avec un regard d’angélique abnégation et de religieuse confiance. Après quelques heures de repos dans cette petite ville, Fanelly fut conduite à l’autel et mariée par le ministère d’un prêtre vénérable. Cet acte solennel, cette sanctification de sa passion devant Dieu, la déliva de ce trouble, de ce sourd murmure, qui faisait trembler son cœur dans sa poitrine et dont gémissait sa pudeur. Une félicité grave prit place auprès de son immobile amour. Restée seule dans l’auberge presque inhabitée où l’avait ramenée Rivalto, dont la lenteur de Calpetti et le retard de Grisèle renouvelaient la dévorante impatience, elle voulait le suivre des yeux à travers la fenêtre basse et ouverte qu’un jeune arbre en fleurs voilait de son doux feuillage ; mais cette fenêtre ne donnait pas sur la grande route, et la vue de Fanelly se .