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UNE FEMME.

tendait son retour sans doute, courut à sa rencontre. Immobile d’anxiété, Fanelly prêta vainement une oreille effrayée aux paroles basses qu’ils échangeaient entre eux ; elle ne saisit que ces dernières paroles de Rivalto : Deux chevaux de plus à la voiture, et le mien prèt dans un quartd’heure. Après quoi elle le vit reparaitre plus calme, et se posant devant elle avec une imposante gravité’: Écoute, lui dit-il : si tu hésites à te —

confier à ma protection, déclare-le hardiment : quelle que soit ma passion pour toi, je suis le dernier de ce monde qui voulût par la violènce t’entraîner à une action que tu n’aurais pas souhaitée ardemment toi-même : je partirai seul. Il y avait tant de loyauté dans cette profession de foi, tant de désespoir au fond de ces mots : je partirai seul, qu’ils ne manquèrent pas de produire un effet magique sur. cette créature défaillante. Après quelques secondes d’un terrible sugpend qui lui déchirait l’àme, elle regarda vivement Rivalto en ai tendant les mains, n’essayant pas de remplir l’impossible tâche de lui résister. Allons répondit-elle avec un profond.soupir, ce sera donc comme un enlèvement ! Que dis-tu, Fanelly ! de quel mot épouvan tes-tu ta pudeur ? enlève-t-on sa femme ? et. n’estu pas la mienne viens donc, ou je meurs avant de te quitter ! suis-moi, ma vie, pour nous unir ;