Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de lady Betty.djvu/55

Cette page n’a pas encore été corrigée
47
UNE FEMME.

Un abattement mélancolique succéda à l’agitation de ce cœur jusque-là si brave ; tout le passé reparut vague et défait comme un paysage lointain à travers une pluie d’orage ; mais elle n’en supporta pas longtemps l’aspect désolé, le front de la coupable s’inclina vers la terre et elle pleura ! Elle pleura….. et dès le soir même, des ordres sans retour furent donnés à l’homme d’affaires de sa famille, de vendre toutes ses possessions en Angleterre avec la promptitude d’une volonté de femme amoureuse qui cède au desir de celui qu’elle aime, c’est-à-dire au commandement de Dieu ; car Rivalto l’avait demandé à genoux ; car lorsqu’elle pleurait accablée à la fois sous l’horrible hommage d’Haverdale, et sous les fleurs de son rival adoré, il la regardait, épiant avec une ardente curiosité les moindres impressions, les plus secrètes pensées de Fanelly ; debout et muet devant elle, il la regardait et ne put retenir longtemps ce cri : « Tu pleures ! » qui la retira de son abime de pénitence et fit envoler tous les mauvais présages. Rivalto souffrant pour elle ! Rivalto troublé de ses larmes, ô Dieu ! comme il les sécha vite sous le feu de son regard ! car ces craintes jalouses, déjà si saisissantes quand le jaloux est aimé, il avait l’art charmant de ne les révéler que par des caresses plus tendres, des plaintes passionnées et des baisers plus vifs : leur puissance endormit plus profondément que jamais le