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UNE FEMME.

mes, sa jalousie dans le passé, aussi amère peut-être que celle toute vive qui déchirait Haverdale, eût rendu sa main adroite à se frayer une vengeance certaine. Plus adroit par la ruse, (il était Italien et palissait, tandis qu’Haverdale, suffoqué par le sang qui lui montait aux yeux, en fut presque aveuglé dans la lutte,) Rivalto laissa fondre ce jeune aigle ébloui contre sa science immobile : l’Anglais reçut en croyant le donner, le coup dont on l’a vu souffrant et terrassé après un mois de tortures qui l’avaient mis à deux pas de la tombe.

Ce scandaleux fracas amena une crise ouverte dans la position mystérieuse encore de Fanelly et de son nouvel amant. La déclaration tout haut d’une union prochaine satisfit à peu près les exigences des rigoristes qui se taisent toujours au mot mariage ; et la société, espèce de Minotaure à la gueule béante, à qui il faut jeter sa proie sous peine d’en être dévoré, se recula contente devant la victime parée de fleurs et de résigation, Claudia pourtant, comme parente, et comme ayant sans doute contribué le plus à l’égarement de sa jeune cousine, s’éloigna d’elle, blessée d’un dénouement que sa profonde sagesse aurait juré impossible ; laissant au temps qui aplanit toutes choses, à renouer des liens que l’opulence de Fanelly ne lui permettait pas de rompre dans l’avenir, mais