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UNE FEMME

blent comme ses genoux ; il faut fuir, il faut échapper aux regards de la foule que ce cri rassemble autour d’elle, et que Rivalto surmonte de toute la hauteur de sa taille, et de sa curiosité jalouse. Haverdale sait tout ; c’est là son rival, Fanelly le lui a montré en fuyant, en le laissant là ; lui, veuf de toutes les illusions, de toutes les félicités de sa vie, il est assez fort, assez digne surtout pour en supporter en silence les ruines écroulées ; car ce n’est pas lui qui subit l’humiliant fardeau du parjure, elle l’emporte avec elle, cette femme qu’il n’a pas même suivie des yeux, cette femme cachée à présent pour lui comme sous un linceul, dont il rejette jusqu’à l’infidèle fantôme. C’est maintenant une autre passion qui s’élève devant l’insulte de Rivalto ; c’est la rage muette et farouche du courage breton, c’est la soif du sang qui altère et dessèche son cerveau : une seule idée le parcourt, la vengeance. Les Anglais aussi se connaissent à cette passion ; un regard de mépris suffit entre hommes pour suspendre deux existences à la pointe d’une arme meurtrière ; ce regard fut public, jeté et rendu avec la rapidité d’une lueur électrique. Il réunit le lendemain au même rendez-vous plus de fureur qu’il n’en faut pour rendre un combat mortel entre hommes de quelque nation qu’ils soient. Quand bien même le noble Italien n’eut pas joint à toutes ses perfections le talent consommé des ar-