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UNE FEMME.

C’est toi, à Destin ! c’est toi qui l’as voulu. Le scandale aussi fut habile à recueillir cet arrêt sans appel, pour en terrasser l’honnête homme absent, qu’il atteignit comme il l’avait dit luimême, tel qu’on le serait au milieu de l’été par un coup de tonnerre, dont on n’aurait vu ni l’éclair qui le précède ni le nuage qui le porte. Revenu du premier choc, et vacillant encore de l’horrible sur- » prise, il ne voulut plus croire. Le nuage se referma. Son indignation se porta tout entière sur les inventeurs de cette absurde calomnie ; il ne voulut pas laisser impuni ce qu’elle avait d’atroce : et rapide à son tour comme la foudre, le cœur gonflé d’une orageuse passion, il s’élança vers Londres pour chercher… la preuve, qu’il obtint. Elle est au mi lieu d’un cercle étouffant de musique, de lumières et de parfums ; il y pénètre, il voit… il doute encore. Claudia la lui montre et l’appelle pour la rendre à son empressement et jouir de sa surprise ; Fanelly, belle de la présence de Rivalto, marchant émue et légère dans une sécurité charmante, s’approche en souriant au sourire de Claudia : mais derrière cette tête en fleurs, où les diamants étincèlent, une tête pâle s’élève et la regarde ; terreur ! c’est Haverdale ou son ombre irritée : un dernier cri d’innocence s’échappe sincère et perçant de cette bouche si jeune encore ; il est trop tard pour l’arrêter ; elle cache en vain sa figure effrayée sous ses mains qui trem· 4 —

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