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LE BAISER DU ROI.

nant. Le roi n’a point regret au baiser, puisque le soufflet tombe sur la joue du courtisan.

— Christine, ajouta-t-il en reprenant sans contrainte le ton du commandement, ton père refuse de te donner à celui que tu préfères ; tu l’épouseras pourtant, parce que je le veux. Conviens que si je fus ton cauchemar comme amant, je ne suis pas ton ennemi comme roi.

— Je l’avoue à genoux ! dit l’orgueilleuse en y tombant avec son heureux cousin. Tandis que Charles, penché sur la rougissante coupable, unissait leurs mains avec une bonté brusque, il imprima sur ce front chaste le dernier hommage que ses lèvres aient jamais offert à une femme.

— Sa majesté me pardonne donc ? murmura la tremblante espiègle ; si j’avais su que c’était le roi, je n’aurais pas frappé si fort.

— Reconnaissez-le seulement à la manière dont il se venge, Christine. Puis il ajouta avec un sentiment d’inexplicable prévision, triste, mais rayonnant de passion et comme en regardant devant lui : Ma seule amante, à moi, doit être fiancée sur le champ de bataille, et me couronnera dans les houras de la victoire.

Il fit le soir même signer à son ministre, fort irrité, un contrat de mariage, qui n’était pas celui du comte Ericson, bien qu’honoré du nom de Charles XII. Deux jours après, il assistait aux no-