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LE BAISER DU ROI.

— À qui ? s’écria Christine frémissante, avec les larmes aux yeux.

— Au roi ! répondit Adolphe en s’éloignant avec désespoir. Christine tomba sur une chaise, et cacha sa figure sous ses mains.

— Restez ! cria Charles XII d’une voix tonnante, restez donc !

Le jeune homme obéit en se mordant les lèvres jusqu’au sang.

— Je vous ai vu… mais jamais dans cette maison.

— Elle m’était fermée par mon oncle quand vous deviez y venir.

— Pourtant, je vous ai vu quelque part. Votre nom ?

— Adolphe de Hesse, fils d’un brave officier mort en se battant pour vous. Il m’a laissé sa misère et les larmes de sa veuve.

— Qui vous a dit que je ne fusse pas Ericson ?

— Mes yeux, car je vous regarde, et je vous reconnais aussi, moi. Charles XII, en s’approchant de son soldat, dont le yeux s’allumaient comme ceux d’un jeune lion, s’arrêta tout à coup frappé de souvenir.

— D’où te vient cette cicatrice sur la tempe gauche ?

– De Nerva, sire, où avec une poignée d’hommes votre majesté défit les armées de Russie.