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LE BAISER DU ROI.

croire que vous ne receviez pas mes visites avec indifférence.

— Mon père ne se connaît point dans ces choses-là, répliqua Christine avec une courageuse indignation, car il n’eût jamais présenté à sa fille un jeune homme si mal élevé. Au reste, et à tout prendre, il vous a dit vrai, car vous n’êtes pas pour moi un objet d’indifférence, vous ne pouvez l’être, entendez-vous, comte Ericson ? et…

Adolphe recueillit ces dernières paroles de la voix altérée de Christine, en entrant précipitamment pour rompre un tête-à-tête qui le rendait fou de jalousie.

— Qui êtes-vous ? demanda sauvagement Ericson, avec un ton si rempli d’autorité, que Christine eût bien voulu le battre encore.

— Un soldat, répondit Adolphe, les dents serrées, en tirant son sabre et le jetant tout à coup sur la table, un soldat blessé pour l’honneur de son pays, et qui veut mourir pour le défendre.

— Nous sommes donc amis ? dit Ericson en lui tendant la main.

— Nous sommes rivaux, repartit Adolphe en se reculant vers la table.

— Christine vous aime donc ?

— Elle me l’a dit. Fiez-vous à votre tour à la foi d’une jeune fille. Vous n’êtes pas l’objet de son indifférence, et je vous cède la place auprès d’elle.