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UNE FEMME.

propres trésors sur de hautes tours sans parapets, d’où le moindre éblouissement les précipite dans des abîmes déchirants et honteux ? Par malheur pour Haverdale absent et pour Fanelly déjà sous le charme, la rieuse Claudia ne voyait jamais l’avenir au-delà d’une soirée ou d’un bal élégant ; si quelqu’un se fut aventuré à lui signaler l’inconvenance de la protection dont elle enhardissait les assiduités de Rivalto près de sa belle parente, elle eût ri d’abord ; puis, son orgueil indigné d’un soupçon d’imprévoyance eût guéri le Mentor courageux du désir de renouveler la leçon. D’abord subjugé et comme embelli par une timidité invincible, Rivalto avait renfermé tous ses. aveux dans un brûlant silence : ce qu’il n’osait dire, il le chantait, et toutes les révélations de l’amour n’étaient-elles pas dans ces frissonnements de l’âme dont il saisissait l’âme de Fanelly ? Admis un jour au bonheur intime d’une leçon de harpe et de piano où brillaient également Fanelly el Claudia, il parut tout à coup souffrir de l’influence vaporeuse de la Grande-Bretagne ; il appuya son front contre la harpe vibrante de la belle fiancée d’Haverdale ; et elle le vit pâlir. Elle se leva tremblante sans oser lui dire : « Qu’avez-vous ? » Mais tout le demandait en elle, car il l’en remercia par le sourire le plus doux et le plus triste ; puis pour la rassurer sans doute, ou l’arra-