Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de lady Betty.djvu/425

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
187
LE BAISER DU ROI.

que sais-je ? de cet antidote aux émotions tendres du cœur ? du comte Ericson, peut-être ?

— Ericson te déplaît, je n’en suis pas en peine ; il n’est guère d’ailleurs plus riche que moi, je pense ; mais, Christine !…

— Eh bien, Christine ! pourquoi soupires-tu encore ?

— Ton père t’amènera ce soir un nouvel amant, et moi je serai oublié.

— Tu le mérites pour oser le prévoir, pour m’offenser de tes soupçons ! mais tu es mon cousin… et je te pardonne cette fois encore, dit-elle. en passant sa tête souple et caressante sous les deux mains d’Adolphe qu’elle tenait dans les siennes.

— Tu m’aimes donc bien réellement, Christine ?

— Je ne te l’ai dit que cent fois, ingrat ! tu dois être étourdi de la répétition d’un mot si court.

— Il est si nouveau pour moi, grand Dieu !

— Eh bien ! nous nous aimons, voilà qui est sûr ; mais comme mon père ne veut pas donner son consentement à notre union il faut l’attendre.

— Et s’il ne veut jamais ?

— Jamais ! est-ce qu’on craint cela ?

— Christine, je le crains.

— Oh bien ! alors, il faudra toujours rester ainsi ; le bonheur ne s’augmente point par un acte de désobéissance.