que sais-je ? de cet antidote aux émotions tendres du cœur ? du comte Ericson, peut-être ?
— Ericson te déplaît, je n’en suis pas en peine ; il n’est guère d’ailleurs plus riche que moi, je pense ; mais, Christine !…
— Eh bien, Christine ! pourquoi soupires-tu encore ?
— Ton père t’amènera ce soir un nouvel amant, et moi je serai oublié.
— Tu le mérites pour oser le prévoir, pour m’offenser de tes soupçons ! mais tu es mon cousin… et je te pardonne cette fois encore, dit-elle. en passant sa tête souple et caressante sous les deux mains d’Adolphe qu’elle tenait dans les siennes.
— Tu m’aimes donc bien réellement, Christine ?
— Je ne te l’ai dit que cent fois, ingrat ! tu dois être étourdi de la répétition d’un mot si court.
— Il est si nouveau pour moi, grand Dieu !
— Eh bien ! nous nous aimons, voilà qui est sûr ; mais comme mon père ne veut pas donner son consentement à notre union il faut l’attendre.
— Et s’il ne veut jamais ?
— Jamais ! est-ce qu’on craint cela ?
— Christine, je le crains.
— Oh bien ! alors, il faudra toujours rester ainsi ; le bonheur ne s’augmente point par un acte de désobéissance.