Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de lady Betty.djvu/423

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
185
LE BAISER DU ROI.

— Que dit-il, mon père ?

— Que t’importe d’un monstre, qui déteste les femmes ?

— Ah ! ah ! mais il est roi. Que dit-il, enfin ? que peut-il dire ? Je veux le savoir, mon père. Ah ! mon père, dites donc !

Mais le ministre était déterminé à garder le silence, et nulle prière, nulle séduction de la jeune, de la savante Christine ne put lui arracher une autre parole.

— À propos ! s’écria-t-il tout à coup, comme se rappelant une chose qu’il craignait d’oublier, parlons d’autre sujet, d’un sujet sérieux : j’amènerai ce soir un officier pour souper avec moi. Recevez-le bien… Recevez-le avec déférence : je vous le destine pour mari.

— Je ne veux pas de lui ! cria Christine en courant après son père comme il sortait de la chambre ; si je n’épouse pas mon soldat, je veux mourir fille.

— Que l’amour t’exauce, cousine, dit Adolphe de Hesse en sortant de dessous les longs rideaux de lampas frangés d’or où il s’était furtivement glissé depuis un quart d’heure ; il est doux de faire l’espion pour entendre un avocat tel que toi, mon amour, plaider une cause si désespérée que la mienne !

— Désespérée !… comment ? la bataille est à demi