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LE BAISER DU ROI.

— Qui serait-ce donc ? sinon Adolphe de Hesse, votre beau neveu, cher père.

— Vous n’avez pas été, je pense, assez hardie pour vous engager avec ce jeune garçon ?

— Jeune… de dix-huit ans, mon père ! C’est mon plus vieil ami : j’étudie tout avec lui, je ne puis me ressouvenir quand j’appris à l’aimer, tant il y a déjà longtemps !

— Folie ! vous avez été élevés ensemble chez sa mère : c’est un pur amour fraternel.

— Du tout ! du tout ! je serais bien fâchée qu’Adolphe fût mon frère !

— C’est pourtant tout ce que je peux faire pour son service. Il est sans fortune ; il n’a d’autre état que sa commission, et ma bonté…

— Votre bonté est immense, mon doux seigneur ! et puis il est brave ; il est magnanime ! Pour moi, quand j’ai fait attention qu’il avait d’autres yeux ; qu’étant petit, il parlait mieux que tous les grands, je n’ai pas interrogé la profondeur de ses trésors.

— Ma chère fille, il faudra l’oublier, dit le comte en passant tendrement le bras autour du fin corsage de Christine encore à genoux.

— Mon bon père, je ne l’essaierai pas, car je ne saurais par où m’y prendre ; et vous l’aimez vous-même.

— Pas assez pour en faire mon héritier.

— Il le serait pourtant si je mourais, mon père !