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LE BAISER DU ROI.

déjà le tien, répliqua d’un ton d’insouciance affectée le ministre qui déposait souvent sa gravité auprès de la riante Christine. Il roulait alors entre ses doigts une magnifique tabatière ornée de gros diamants, qui encerclaient une petite miniature, portrait et présent d’un roi fort laid ; mais, continua-t-il en parlant comme au hasard, est-ce là ta seule ambition ?

— Comment l’étendrais-je plus loin ? J’ai plus de sujets à présent que je n’ai de science pour les gouverner.

— Oh ! oh ! je ne me serais pas douté, mon enfant, que vous eussiez des sujets. Vous êtes au moins trop prudente pour encourager leurs hommages.

— Vraiment ! répliqua Christine en agaçant le jeune dogue qui grinçait des dents, je ne leur suis pas trop obligée d’hommages qui me sont dus. Il n’y en a qu’un dans le monde pour lequel j’en ressens la plus tendre gratitude !

Le sourcil du premier ministre de Suède se fronça.

— Quel est cet homme, Christine ?

Christine rougit, regarda son père avec un étonnement enchanteur, et redoubla ses caresses à son petit chien hargneux. Le comte, d’un ton plus serré renouvela sa question :

— Quel est cet homme, Christine ?