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MISS MOLLY.

167 faisant plus diversion à ses remords, elle sentit son âme fléchir sous leur poids. Deux ruisseaux de larmes inondèrent ses joues. Son compagnon usa, pour la consoler, de tant de soins affectueux, de tant de paroles bienveillantes, il montra tant de sympathie pour ses chagrins, qu’entraînée par le besoin d’épancher son cœur, elle lui fit un aveu sincère et de son amour, et de son désespoir, et de sa fuite.

Quand elle prononça le nom de Williams, le marin fronça le sourcil ; quand elle vint à parler de ses serments de fidélité, serments oubliés peutêtre, le marin laissa échapper un sacredieu ! bien articulé ; enfin, quand elle exprima cette idée que le silence du neveu était peut-être le résultat du bon plaisir de l’oncle, le marin fit résonner une série de jurements tellement ronflants que la jeune fille en tressaillit. N’ayez pas peur, mon enfant, n’ayez pas peur, ce n’est rien ! vieille habitude de mer, voyezvous

! Et puis, c’est que la conduite de monsieur

Williams est indigne… Tromper une jeune fille, lui ravir son cœur, et la délaisser ensuite, c’est infame. Vous obtiendrez justice, miss ; vous l’obtiendrez

!… Ah ! monsieur Williams ! vous mettezvotre 

déloyauté sur le compte de votre oncle… ! Sacredieu ! nous verrons, nous verrons, Mais, monsieur, reprit miss Molly effrayée