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MISS MOLLY.

— C’est juste, monsieur, reprit la jeune fille avec dépit, j’ai eu tort. — Après tout, dit le marin d’un ton dégagé, avant d’accepter mes services, il est à propos que vous sachiez si je puis vraiment vous les rendre ; ainsi, je ne vois pas d’inconvénient à vous dire que je suis un vieux compagnon d’armes de l’amiral de Fyden ; j’ai combattu avec lui dans vingt affaires, et depuis l’instant où il a mis le pied, pour la première fois, sur les planches d’un navire, jusqu’à celui où il s’est retiré dans son château de Bury, je ne l’ai pas plus quitté que son ombre. —

— Et vous habitez sous le même toit que le duc ? s’écria miss Molly, enchantée de ce qu’elle venait d’entendre.

Comme vous dites, miss ; il n’a jamais passé de nuit nulle part, sans que je fusse à ses côtés… — Oh ! s’il en est ainsi, pardonnez-moi mes soupçons… c’est que le malheur rend défiant, et je suis si malheureuse !

L’esprit de miss Molly se trouvait allégé d’un grand poids ; le ciel lui avait donc envoyé un protecteur, un ami ! Elle en rendit intérieurement grâce à Dieu. Mais, le premier moment de joie passé, le souvenir d’un père qui la maudissait, d’un amant qui l’avait abandonnée, vint se retracer à son imagination, plus poignant et plus douloureux que jamais. Aucun sentiment étranger ne