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UNE FEMME

abandon dispose toutes les àmes à la confiance ? D’abord Fanelly fit nombre ; sa curiosité vint avec innocence se grouper avec les curiosités puissamment éveillées autour d’elle. Elle ne put reculer

d’horreur ni d’étonnement devant une faute qu’elle ne méditait ni ne pouvait prévoir. Elle ignorait que c’était seulement depuis qu’il l’avait vue que l’illustre voyageur oubliait qu’il ne devait que traverser rapidement l’Angleterre pour retourner à Rome, où le rappelait une noble famille dont il était l’espérance et l’idole. Fanelly Galt parut à Londres, il y resta ; il riva, pour ainsi dire, son existence auprès d’elle, dans le dessein irrévocable de plaire. Et que lui manquait-il pour y réussir, s’il en puisait les moyens dans une ardente faculté d’aimer ?

— Bientôt, au milieu de la foule qu’il asservissait en la charmant, ses récits intarissables et pleins d’i— mages, attirèrent avec une irrésistible séduction les regards incertains de Fanelly sur ses traits toujours passionnément émus. La rêverie profonde y rẻgnait-elle ? Non, l’ltalien ne rève pas, c’est de la douleur ou de la joie qu’il exprime ; son courage, quand il est excité, crie victoire ou vengeance : il ue s’enveloppe pas dans un calme triste ou résigné ; s’il raconte, il exalte, il éblouit, il entraîne. Pour Rivalto, ses talents se montraient si multiples, qu’il devait être bien sûr de devoir à l’un ou à l’autre I