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MISS MOLLY.

pons du Maine… Pour miss Molly, elle se contenta, après les instances réitérées de son compagnon, de tremper une tartine dans une tasse de thé. Le repas tirait à sa fin, lorsqu’un nouvel arrivant parut sur la scène ; son costume était celui d’un fermier. ou d’un conducteur de bestiaux. En entrant, il salua la compagnie, puis se fit servir une tranche de lard et une pinte d’ale. Du reste, il semblait fort avare de ses paroles, et le bavardage de la vieille Mysie n’obtint de lui que des signes de tête affirmatifs ou négatifs. L’attention de miss Molly s’était portée machinalement sur le silencieux voyageur ; elle ne tarda pas à surprendre certains regards d’intelligence entre le marin et lui. Evidemment ces deux hommes se connaissaient ; pourquoi donc en faire mystère ? Si

la jeune fille eût pu croire un instant ses soupçons mal fondés, une circonstance décisive l’aurait tirée de son erreur. Lorsque le marin eut dévoré avec un incroyable appétit les derniers débris du poulet, il se leva, fit quelques pas vers l’autre voyageur et lui dit à haute voix : Comment va l’appétit

? — Assez bien, reprit le nouveau venu.

Jub

Entre la question et la réponse, le marin avait trouvé moyen de glisser tout bas plusieurs mots qui n’arrivèrent pas jusqu’à miss Molly. Aussitôt après, faisant une pirouette sur ses ta-