Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de lady Betty.djvu/394

Cette page n’a pas encore été corrigée
156
MISS MOLLY.

de la consommation. Elle portait donc un regard de désappointement et d’envie tantôt sur la guinée que Sarah venait de recevoir, tantôt sur la bourse que l’étranger tenait encore à la main. —

— Eh bien ! honnête hôtesse ! fit le marin, actuellement que vous avez touché le prix de votre diner, vous plaira-t-il de le servir ? — Certainement, monseigneur… si j’avais su que monseigneur… monseigneur… —

-Êtes-vous folle avec vos monseigneur ? Je suis Monseisoldat,

je suis marin ; entendez-vous ! gneur maintenant ! parce que j’ai montré de l’or ; tout à l’heure vagabond et vaurien, parce que j’avais l’air pauvre. C’est dans l’ordre… L’hôtesse essaya de balbutier quelques excuses. Le marin lui coupa la parole. —

— Sacredieu ! finirez-vous de me casser la tête ? J’ai besoin de manger, et non d’entendre vos sots discours ! A votre cuisine, vieille sorcière ! — Vieille sorcière ! grommela l’honorable Mysie ; vieille sorcière ! Il n’a que ces mots à la bouche ; au fait, j’ai tort de le prendre pour un homme bien élevé, pour un grand seigneur… C’est quelque mauvais sujet, quelque voleur de profession ; il aura dérobé cet argent dans la poche d’un pauvre fermier qui revenait de vendre ses bestiaux… Il l’aura assassiné peut-être… Que sait-on ! Et, tout en faisant cet à-parte, elle allait, venait,