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MISS MOLLY.

balai, comme une vieille sorcière que vous êtes, et courir à la ville voisine. — Et pourquoi !

Afin de renouveler votre garde-manger ; je n’aime pas la galette d’orge. C’est grand dommage ! fit l’hôtesse entre ses dents ; mais je ne bougerai certainement pas d’ici. L’attention de Sarah, la servante, se partageait alors entre deux objets ; d’une part, elle prêtait l’oreille à la conversation ; de l’autre, elle distribuait à deux ou trois poulets, plus ou moins étiques, des poignées de grain que ceux-ci dévoraient avec une insatiable avidité. —

A la vue des maigres volatiles, une idée lumineuse traversa le cerveau du marin. Sacredieu ! s’écria-t-il, vous mentez, la vieille, en prétendant que les provisions vous manquent ; voici justement ce qu’il me faut. Allons, Sarah ! saisissez un de vos pensionnaires emplumés, tordez-lui le cou et faites-le rôtir ; si chétif qu’il soit, il vaudra toujours mieux qu’une galette d’orge. Tuer mes poulets ! ab bien, par exemple ! N’en faites rien, Sarah, ou je vous chasse ! Tuer mes poulets ! Croyez-vous que ce soit pour votre bouche que je les ai nourris depuis trois mois ? tuer mes poulets ! a-t-on jamais vu ! me dépouiller, me ruiner !

— Qui parle de vous dépouiller et de vous ruf- 14