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UNE FEMME.

qu’elle eut déclaré le plus vite qu’il lui fut possible, , ses engagements avec lord Haverdale et son impatiente espérance de le revoir. Elle attacha alors avec une imperturbable.confiance ses yeux déjà fascinés sur ce front d’une grâce idéale, si jeune encore, si uni, si pur, qu’il était impossible d’y découvrir ni d’y prévoir un orage. Elle ne s’avoua ni ne comprit peut-être que seule elle devait fuir ce brillant météore, puisque personne ( elle l’entendait dire partout ) ne pouvait regarder des traits pareils sans éprouver le désir fort innocent de les revoir et de connaître l’âme qu’ils enveloppaient d’un si beau voile. Nulle bouche amie ne lui vint dire : Prenez garde ; voilà une dangereuse apparition dans la vie d’une femme promise à un autre ; d’une femme assez belle pour attirer la persévérante attention d’un homme trop beau lui-même pour l’ignorer. ..Elle revit sans effroi ce voyageur mystérieux, si prodigue d’or, si libéral, si grand joueur et de mœurs si somptueuses qu’il était devenu le sujet de tous les entretiens, de toutes les suppositions des cercles dont il faisait l’ornement et la préoccupation. Était-ce un prince ? il n’était presque pas possible d’en douter à sa magnificence, aux luxe de sou incognito, à l’assurance de son regard, tempérée par la plus gracieuse bienveillance. Aussi qui nè lui savait gré de cacher l’éclat de son rang sous la gaieté presque ingénue du bel âge, dont l’aimable -