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MISS MOLLY.

des sentiments si différents des siens, ne savait si elle devait accepter ou non l’argent, lorsque sa porte s’ouvrit brusquement ; un homme entra. Bravo ! s’écria-t-il d’une voix retentissante, bravo ! jeune fille ! tu es aussi bonne que ta vieille sorcière de maîtresse est avare et dure ! Et se tournant vers l’hôtesse : — Puisse le tonnerre écraser ta misérable bicoque, gibier de potence ! puisse le diable te tordre le cou,

à toi qui as l’infamie de vouloir jeter à la porte par un si mauvais temps, une dame malade qui implore ta pitié. Et pourquoi ? parce que tu erains de sacrifier en pure perte un pence ou deux. Allons, femme, du bois dans le foyer ; du bois entends-tu, et non de la tourbe. Je veux une flamme brillante au lieu de cette fumée noire qui me prend à la gorge. Quel est ton nom, servante ? —

— Sarah ! monsieur, pour vous servir ! Eh bien, Sarah ! tu es une excellente fille ! Va nous chercher du bois. L’apparition du nouveau venu, sa parole tranchante, ses gestes impérieux, avaient abasourdi la vieille Mysie ; elle fut quelques instants sans pouvoir retrouver sa présence d’esprit. Elle était rouge, elle était bleue ; on l’aurait dit frappée d’apoplexie. Le personnage qui avait signalé son arrivée d’une façon si cavalière et si injurieuse pour l’hôtesse semblait âgé d’une cinquantaine d’annéee ; ses che-