Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de lady Betty.djvu/384

Cette page n’a pas encore été corrigée
146
MISS MOLLY.

Et, les mains jointes, elle adressait à l’hôtesse des regards suppliants. Une heure… une heure… reprit l’hôtesse ; et si dans une heure vous être encore souffrante, il faudra vous garder une heure de plus, et ainsi de suite… et qui sait si, d’heure en heure, vous ne finirez pas par rester éternellement dans ma maison… Décidément, c’est impossible, ma chère, impossible… il faut partir. Durant cette discussion, la servante, touchée des souffrances et de la douceur de miss Molly, essuyait à la dérobée, avec le coin de son tablier, quelques larmes qui roulaient malgré elle le long de ses joues. Indignée de la dureté de sa maîtresse, et jugeant qu’il n’y avait qu’un moyen de vaincre son avarice, elle lui dit d’un ton ferme : — Milady restera, car je paierai pour elle. —

— Et avec quoi, ma belle ? reprit l’autre ironiquement. Depuis quand votre bourse est-elle si bien garnie que vous puissiez acquitter les dettes d’autrui ?

Avec quoi ! avec ces deux schellings ; l’un servira à vous couvrir de la tourbe que vous avez brûlée, l’autre paiera le séjour de milady dans cette maison jusqu’à demain matin. Et la bonne fille, tirant de sa bourse les deux pièces, les avait présentées à la veille Mysie. Celle-ci, honteuse de trouver chez sa servante