en une pluie battante et continue. Les légers vêtements de miss Molly furent bien vite transpercés. L’eau, en détrempant la terre, multipliait encore les inconvénients d’une route assez peu praticable d’avance. Tantôt le pied de la voyageuse glissant sur-un sol gras, elle courait risque de perdre l’équilibre ; tantôt de larges fondrières qu’elle franchissait à grand’peine inondaient ses jambes d’une vase bourbeuse et glaciale. C’était un tableau à fendre le cœur, que celui de cette jeune fille, si frèle, si délicate, luttant ainsi contre la rigueur des éléments, et luttant presque sans défense. En effet, cette mince chaussure, ces tissus de mousseline, ces étoffes transparentes, pouvaient-ils la garantir du froid et de l’averse ? La pâleur répandue sur tous les traits de miss Molly accusait son extrème fatigue. Une pareille épreuve dépassait ses forces ; elle était harassée, rendue, et elle eût succombé vingt fois, si l’énergie morale n’était venue en aide à la faiblesse physique, si la puissance de volonté n’avait suppléé l’impuissance des organes. Toutefois cette vigueur factice ne pouvait durer longtemps ; elle allait s’épuiser et trahir les efforts de la jeune fille, lorsque l’auberge de la vieille Mysie apparut à ses regards. Cette auberge, s’il est permis de qualifier ainsi une misérable hutte couverte en chaume, se faisait remarquer par une tête de femme grossièrement
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MISS MOLLY.