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MISS MOLLY.

de sa faute. Elle ne pouvait rentrer maintenant, sans mettre son père dans la confidence de son fatal secret. Oh ! si sa mère ett vécu, elle lui aurait confié ses peines, ouvert son cœur ! mais un père comprendrait-il ces émotions intimes et poignantes qui torturent l’âme d’une amante ? Le sien surtout, homme positif, dont les idées, depuis quarante. ans, n’étaient fixées que sur la balance exacte d’un actif et d’un passif, comment accueillerait-il l’àveu d’une flamme que condamnait la raison ? Certes, il y aurait eu injustice à révoquer en doute sa tendresse indulgente et bonne ; mais cette tendresse même, subordonnée aux principes de la logique, ne lui eût suggéré d’autre réponse que celle-ci aux chagrins de sa fille : —

Si les parents de M. Williams consentent à votre union, je ne m’y oppose pas, épousez-le. Dans le cas contraire, vous devez l’oublier. Or, de telles consolations, limitées ainsi dans le cadre d’un dilemme, n’étaient guère propres à captiver la confiance d’un cœur souffrant et brisé. Miss Molly, après une demi-heure de marche rapide, était arrivée à l’embranchement de plusieurs routes, bordées de collines, de haies et de rochers. La quelle choisir ? la quelle conduisait au château de Bury, car c’était à ce château, habité les trois quarts de l’année par le duc de Fyden, oncle de Williams, qu’elle avait décidé de se rendre. Bury était situé à