Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de lady Betty.djvu/376

Cette page n’a pas encore été corrigée
138
MISS MOLLY.

· 158

MISS MOLLY • ses œillets ! là, le berceau où il vidait, le soir, avec deux ou trois amis, un flacon de porter, en discutant l’éloquence de M. O’Connell et l’opportunité du. bill de réforme ! Plus loin, le râteau avec lequel il nettoyait le sable des allées, quand sa goutte daignait lui laisser quelque répit ! Et lorsqu’à son lever le pauvre homme apprendrait la fuite de l’enfant qui faisait son bonheur et sa joie, quelle ne serait pas sa douleur, son indignation ! A cette pensée, toute l’énergie de la jeune fille s’évanouissait. Pour rappeler son courage, elle eut besoin d’évoquer le souvenirs de Williams. Tantôt elle se le représentait infidèle, et alors, l’âme dévorée d’in quiétude et de jalousie, elle brûlaît de lui repro cher son parjure ; tantôt elle le voyait en butte à la colère d’un oncle rigide et hautain, et se disait alors : J’irai le trouver, cet oncle ; je lui parlerai, j’essaierai de l’adoucir, et qui sait ? peut-être !… Après une lutte pénible entre la passion et le devoir, entre l’amour et la piété filiale, l’amour l’emporta, la passion prit le dessus. — Le sort en est jeté, pensa-t-elle en mettant le pied hors du jardin ; maintenant, il serait trop tard ! Mon pauvre père ! Et deux larmes roulaient le long de ses joues. En effet, la jeune fille eut vainement tenté de revenir sur sa décision ; la porte de sortie, en se refermant, l’avait condamnée à subir les conséquences 1 1 }