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UNE FEMME.

en la dérobant aux consolations que tous ses vrais amis se fussent empressés de lui offrir. La mobile Claudia la jeta de la meilleure foi du monde, dans

toutes les distractions, dont elle avait elle-même un besoin avide. Le tourbillon où elles vécurent, tantôt ensemble, tantôt séparées par la foule, guérit l’une de ses bâillements et posa l’autre devant un danger inattendu, qu’il ne lui vint pas même à l’idée de craindre. N’était elle pas fiancée à lord Haverdale ? ne portait-elle pas son anneau ! n’allaitil pas revenir du continent pour l’épouser ? dès lors que pouvait-il résulter de son admiration pour ce jeune seigneur italien, que tout le monde admirait comme elle ? qui, sans la suivre nulle part, se trouvait partout où elle entrait, qui l’avait contemplée d’abord avec une attention muette ; puis avec une sympathie respectueuse, puis avec des yeux pleins de flamme et d’une expression bouleversante. Comme les Italiens regardent les femmes ! ditelle d’abord sans trop d’émotion. Puis parcourant d’un regard rapide le cercle de ces femmes dont ils étaient entourés, et le reportant sur celui de l’étranger pour en interroger l’expression, elle fut forcée de s’avouer que ces yeux noirs aux jets de feu, ne regardaient qu’elle : cette découverte porta une étrange commotion dans son âme et dans l’incertitude où elle était encore de ses charmes :