LA PRÉCIEUSE. 131
l’univers son désespoir. Tout le céleste groupe avait unanimement décidé que Jenny ayant forfait au bel-esprit en épousant un Welche, il n’y avait point lieu de la pleurer, même en vers ; mais le grand poëte ne se crut point pour cela permis d’être consolé
- durant tout un mois, il ne vécut que de
pain, d’eau et de poisson ; à l’instar du chantre de Childe-Harold, il parla plus fréquemment que jamais de sa haine de la vie : il est constant qu’il fût allé mourir pour les Grecs, si les Grecs avaient alors eu le moins du monde besoin qu’on mourut pour eux. —Néanmoins, l’hiver suivant, il épousa une vieille veuve fort riche, qui, à force d’être persuadée par lui du néant des choses terrestres, s’estima toute heureuse qu’un si grand homme eût daigné la ramasser dans cette poussière universelle. M. FitzGérald s’en était allé vivre avec sa femme en Irlande où la belle avait ses biens : l’absence de cet astre principal fut un coup mortel pour la pléiade azurée qui ne tarda pas à se dissoudre peu à peu, chacune de ses autres étoiles de second rang, à l’imitation de la première, ayant successivement épousé contre toute poésie les fortunes matérielles et prosaïques qui s’étaient présentées. En ce qui est du mariage de miss Forster, nous n’avons pas besoin de garantir la félicité de ses conséquences, car nul lecteur ne la révoque en doute. N’en déplaise aux innombrables romans auxquels .