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LA PRÉCIEUSE.

LA PRÉCIEUSE. près de sa cousine, il était amical et prévenant comme autrefois. Seulement ses prévenances et son amitié ressemblaient davantage à de la pure politesse, et je ne sais quelle réserve involontaire le glaçait malgré qu’il en eût. Une plus grande altération se faisait remarquer dans l’air et les façons de Jenny. Ce n’était plus son immuable douceur de caractère, ni son inaltérable gaieté si franche auparavant et si naturelle. Elle avait beau se réprimer, souvent ses mécontentements intérieurs se trahissaient. Souvent elle était sombre et boudeuse, ou bien sa joie était contrainte et grimaçante. Mais c’était dans sa conduite vis-à-vis de Mortimer que paraissait surtout cette inégalité. Les froides attentions de son cousin’semblaient moins la toucher que l’irriter. Il y avait des moments où, incapable de se maîtriser, elle le traitait en vérité fort durement et d’un ton d’aigreur singulier. Puis elle affectait de parler de M. Fitz-Gérald et de sa poésie avec un redoublement d’enthousiasme. Bien qu’elle commençât à s’y divertir beaucoup moins, elle ne manquait pas une des réunions de la coterie azurée, où le grand poête présidait de plus en plus souverainement.

Que si Mortimer eût été de quelques années moins jeune et moins novice, loin de se désolér en secret, comme il faisait, de ces aigreurs et de ces brusqueries de sa cousine, loin d’y voir les mar- ·