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LA PRÉCIEUSE.

LA PRÉCIEUSE. son cœur s’était gonflé au discours de son père. Sous prétexte de regarder dans la rue un régiment écossais dont la musique annonçait le passage, elle fut vers la croisée dérober quelques larmes qu’elle ne put contenir. Ainsi Mortimer ne l’aimait point, puisqu’il s’éloignait ! elle s’était trompée ! on ne l’aimait point et c’était elle qui aimait ! Quelle humiliation, quelle souffrance ! Le dépit lui eut bientôt essuyé les yeux.

— En effet, dit-elle d’un ton qui n’affectait pas l’insouciance, tandis qu’elle se rapprochait de son père ; en effet, Mortimer ne doit pas s’amuser beaucoup ici ; il n’a pas tort, je crois, de chercher ailleurs des distractions, et vous aurez raison de l’y autoriser dès que sa santé lui permettra de partir. M. Belfield était survenu là-dessus ; la pauvre

  • Jenny, qui avait grand besoin de solitude, profita

de l’occasion pour disparaître. La causerie fut terne et languissante entre les deux vieux amis, durant cette matinée, car ils ne se disputèrent pas. M. Belfield en abrégea d’autant sa visite, impatienté d’avoir affaire à un homme qui, la première fois de sa vie, s’obstinait à ne pas le contredire.

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