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UNE FEMME

Il mit à la place de ce tout en amour, deux lettres, empreintes il est vrai d’une affection profonde, d’une confiance fort honorable pour sa fiancée dont il attendait, disait-il, le signal de son bonheur qui ne reposait que sur elle. Mais il resta sur le Continent. Cette

résignation volontaire pouvait compromettre bien des intérêts. Fanelly consternée la considéra d’abord comme nécessaire, puisqu’elle s’y soumettait ; elle pressa dans ses mains avec beaucoup de reconnaissance la lettre de son fiancé ; elle

la serra mème sur son cœur cette chère signature d’époux, et tàcha de supporter, sans mourir, les jours de deuil. Ils s’écoulaient ces jours avec une lenteur désespérante, pour deux jeunes femmes, dont l’une déplorait des parents aimés, et dont l’autre baillait, du matin au soir, d’ennui, de solitude, au milieu du silence, silence si affreux des bois ; quand on entend au loin bondir l’orchestre des bals abandonnés dans un accès de dévouement irréfléchi. Fanelly était pâle comme une fille d’Ossian, et sa cousine était de très-mauvaise humeur. Il s’en suivit tout naturellement, qu’un matin, à son réveil, Fanelly fut remportée à Londres, comme par magie, par sa vive cousine Claudia, qui mit autant de chaleur à la persuader de l’urgence de ce retour, dans l’intérêt de leur santé menacée, qu’elle en avait mis d’abord à lui prouver son zèle,