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LA PRÉCIEUSE.

LA PRÉCIEUSE. ment ? oh ! oui, sans doute, car la servante qui le veillait dormait elle-même. La jeune fille restait debout sur le seuil toute tremblante ; elle était stupéfaite et effrayée d’avoir eu tant d’audace : comment ! à cette heure avancée de la nuit, elle était là, seule, demi-nue, presque dans la chambre d’un homme ! Elle fut au moment de s’enfuir, un battement de son cœur la retint.

— Il ne bouge pas ! qui sait ? peut-être est-il mort tandis que cette femme s’est endormie, pensat-elle ; quand j’entrerais tout à fait afin de m’assurer s’il est vivant, où serait le mal ? Elle entra.

Et c’était la même Jenny qui avait à peine voulu entrer là, en plein jour, avec son père ! Était-ce donc l’amour qui avait rendu si hardie cette fille tout à l’heure si timide et si sévère sur le decorum ? était-ce la pitié seulement ? Elle s’était avancée sur le bout des pieds tout au près du lit de Mortimer, elle s’inclina vers lui ;  : elle respira, il respirait. Elle regarda attentivement sa figure, il était pâle à épouvanter. Qu’il était beau pourtant sous cet air de profonde souffrance ! qu’il était beau ! Elle s’était tellement penchée afin de le mieux voir et d’écouter sa respiration, que son visage effleurait presque celui du malade. Futelle involontairement poussée par quelque irrésisti- 1 1 1