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LA PRÉCIEUSE.

LA PRÉCIEUSK. 113

si efficacement à chasser l’ennui, n’avait pù chasser sa préoccupation ; les pages lui glissaient machinalement sous les doigts ; mais elle regardait sans voir, elle lisait sans comprendre. Elle s’avisa d’une autre tentative : elle résolut de méditer poétiquement pour son compte, puisque les poétiques méditations de sa bibliothèque n’étaient pas capables de la distraire. Elle fut ou— · vrir la croisée afin de s’inspirer en contemplant la lune et les étoiles : malheureusement, il n’y avait ni étoiles ni lune, il n’y avait pas même de nuages visibles, il pleuvait ; elle referma sa fenêtre avec dépit.

— · Qui est-ce qui est en état de méditer sans colère par la pluie ?

Que faire ? elle s’était remise à son piano ; elle frappa quelques touches qui lui répondirent fort peu harmonieusement qu’elle n’était pas plus en train de musique que de lectures et de méditations azurées.

Bref, quoi qu’elle tentât, rien ne réussit à détourner sa pensée du souvenir de son art. Ce pauvre Mortimer ! murmurait-elle sans cessé malgré qu’elle en eût, ce pauvre Mortimer ! comme j’ai été dure pour lui ! Mais tant mal que bien, les heures avaient fini par s’écouler ; la pendule avait sonné minuit. Il est permis à un bas-bleu de se coucher après minuit Bundan