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UNE FEMME.

l’absence du père d’Haverdale, appelé en ambassade sur le Continent, où depuis un mois son fils l’avait suivi en qualité de secrétaire. Une jeune parente dont toutes les actions portaient le cachet de la promptitude et de l’indépendance, crut, en sa qualité de femme mariée, devoir se mettre au lieu et place de tous les appuis qui manquaient à la fois à la triste héritière ; et l’enlevant presque de force aux scènes lugubres qui se préparaient pour elle, l’emporta dans un château bien désert, bien romantique à quelque distance de Londres pour y exhaler ses premiers sanglots. Haverdale n’était point là pour barrer le passage à ce bizarre exil, dans le mois le plus àpre de l’hiver, et ne revint pas pour l’en rappeler au nom de l’amour ; il put se résoudre à passer en France tout le temps que sa maîtresse donnerait à la solitude, et il eut tort. Il céda peut-être un peu facilement aux assurances que milady Claudia lui donna par lettre, qu’il était convenable de laisser à Fanelly le temps de pleurer avant de se revoir, et le trop jeune, le trop grave Haverdale commit une maladresse de cœur, un crime d’amant, car sa présence était nécessaire là où pleurait Fanelly ; mais Fanelly pleurait seule, elle qui ne devait attendre de consolations que de lui, d’autres empressements que les siens, d’autres regards que ceux qui avaient l’heureux droit de lui dire : « Je souffre avec toi : console-toi pour moi !