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LA PRÉCIEUSE.

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parfaitement libre. C’est M. Fitz-Gérald qu’elle choisit, c’est M. Fitz-Gérald qu’elle aime ; M. Fitz-Gérald seul a le droit d’être son époux. Tout mon tort est d’avoir espéré follement que sa raison me le sacrifierait. La raison ne peut rien contre un amour établi ; j’aurais dû prévoir cela et cesser plus tot de poursuivre un bonheur impossible. Tout exalté qu’il était par la fièvre, Mortimer parlait avec une apparence de calme et d’inébranlable décision : c’est qu’un découragement subit venait de le saisir, rendu plus profond par son état de souffrance. Il s’était exagéré outre mesure la signification de la cruelle visite de Jenny, et il avait soudainement abdiqué tout espoir ; il s’était résigné bien résolument à céder la place à son rival. M. Forster avait écouté son neveu jusqu’au bout sans l’interrompre.

C’est fort bien, Mortimer, répondit-il d’un ton de colère réprimée. Vous êtes malade, je ne me querellerai pas avec vous ; à votre aise au surplus. Certainement je ne vous ferai pas épouser votre cousine par force ; je ne la contraindrai pas nou plus elle-même à vous aimer, soyez tranquille. Qu’elle reste fille, si bon lui semble, ou bien, si elle se veut marier, qu’elle choisisse quelque galant homme raisonnable que je puisse avouer pour mon fils. Quant à ce M. Fitz-Gérald, en fût-elle folle, ce n’est pas à lui que je serai assez fou pour la don- www.amcom

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