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LA PRÉCIEUSE.

LA PRÉCIEUSE. née prochaine. que nous marquerons votre lune de miel.

Vous avez eu raison sans doute, mon oncle, de brusquer ainsi les choses avec ma tante ; il y a telle citadelle qu’il faut prendre par escalade ; il y en a d’autres où l’on n’entrera jamais qu’après un long siège en règle et au moyen d’une capitulation. —

– Tenez, mon cher Mortimer, votre tète se dérange, on voit bien que vous frayez depuis quelque temps avec vos bas-bleus ; voici que vous êtes, comme eux, tout frotté de métaphores. Poussez cependant votre siège tant qu’il vous plaira ; tracez autour de la place de belles lignes de circonvallation. Un beau matin il adviendra que M. Fitz-Gérald, qui commence à me paraître moins âne que je le croyais, aura enlevé, lui, la garnison que vous espérez sottement de faire capituler. Eh bien, mon oncle, s’il en est ainsi, ce sera le mieux. Je ne prétends pas, je n’ai jamais prétendu, et je prétendrai jamais obtenir Jenny contre son gré ; elle appartient à M. Fitz-Gérald si son cœur l’a donnée à M. Fitz-Gérald. Avez-vous pensé que je consentirais à accepter une main qu’on m’accorderait en me refusant l’âme ! Non, non, je ne me résigne point à cet indigne partage. Je vous l’avais dit, je vous le redis : je ne puis vouloir de votre fille, du moment qu’elle ne me vient point d’ellemème, de son propre mouvement et d’une volonté 1