Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de lady Betty.djvu/345

Cette page n’a pas encore été corrigée
105
LA PRÉCIEUSE.

LA PRÉCIEUSE. 107

que je la vois ainsi. Vous avez eu tort de la contraindre. Ce n’est pas là, mon oncle, ce que vous m’aviez promis.

— Oui, je vous avais en effet promis ma, neutralité, mais seulement rappelez-vous-le bien, pour un temps fort court. Et ma foi, il y a déjà trop longtemps que je m’abstiens d’intervenir. Qu’avez-vous fait seul ? Où sont les effets de ce beau plan que vous m’aviez vanté si fort ? Qu’avez-vous gagné par lui près de Jenny ? Quels progrès avez-vous à me montrer ? Vous avez failli vous tuer pour elle, voilà tout. D’ailleurs, vous en êtes encore aux soupirs discrets et mystérieux. Que si ce métier de soupirant anonyme vous arrange, si la patience de votre tendresse glacée s’en accommode, il me lasse excessivement, je vous le déclare. Je ne sais comment sont bâtis les amoureux d’aujourd’hui. De mon temps, on n’y mettait pas tant de façon. Il m’arriva une fois en ma vie de me mèler aussi d’amour. Ce fut une affaire promptement expédiée. Je vis votre tante un soir, dans un bal où l’on ne lisait point de vers, mais où l’on dansait rudement corps et àme. Je valsai avec elle, et la valse finie, nous étions déjà d’accord. Le lendemain, je fus visiter ses parents et la demander, et au bout de deux semaines tout était fini, nous étions déjà mari et femme. Loin.de là, vous et Jenny, du train dont vous allez, assurément ce ne sera pas encore sur le calendrier de l’an-