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LA PRÉCIEUSE.

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involontaires, pour prouver que Mortimer ne lui était pas indifférent. Elle s’affligeait vivement au fond de le voir souffrant. Toutefois elle n’était pas sérieusement inquiète, parce qu’elle croyait n’avoir pas sujet de l’être. Elle était convaincue que son père, suivant son exagération habituelle, avait ima giné en partie le danger de Mortimer. Elle fut confirmée dans cette idée à voir l’animation de la figure du jeune homme, lorsqu’elle se trouva près de lui. Il est vrai que Mortimer, à ce moment, n’avait pas la figure d’un homme gravement attaqué. Au contraire, le saisissement qu’il avait éprouvé, à l’aspect inattendu de sa cousine, avait momentanément rendu à son visage pâle les couleurs de la santé ; et puis cette visite lui avait semblé d’un favorable augure. En songeant combien elle était pleine d’intimité, combien elle allait contre les lois rigoureuses et austères de l’étiquette anglaise, il s’en était promis le prochain couronnement de ses vœux les plus chers. Il y avait donc dans ses regards, dans tous ses traits, une expression d’amour et d’ivresse que n’a guère la physionomie d’un malade. La tenue de Jenny, lorsqu’elle eut observé ces symptômes rassurants, eut bientôt rabattu la joie du pauvre amoureux. On a voulu me prendre à un piège, avait-elle pensé ; on m’a forcée à une démarche hardie et inusitée, afin de m’engager. C’est une sorte de consentement qu’on a prétendu m’ar- 10