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LA PRÉCIEUSE.

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venu, et l’empêchent d’aller toucher la main d’un ami d’enfance, fût-il mourant, s’il est étendu entre ces draps qui seront son linceul ! Mon père, mon père, au nom du ciel, ne poursuivez pas ainsi ; vous exagérez vos applications. L’état de Mortimer n’est point désespéré. —

Je n’en sais rien, je n’en sais rien, continua M. Forster ; au moins il est fort mal ! Mais il ne l’est pas sans doute assez selon vous, pour réaliser ces projets de reconnaissance que vous étaliez l’autre jour. S’il est malheureux disiez-vous, ce me semble, je serai malheureuse, et heureuse s’il est heureux. S’il est malade, je le soignerai, mon père, comme je vous soignerais vous-même ; voilà ce que vous disiez, et à présent les lois de la société n’autorisent plus ce dévouement qui n’était qu’en paroles apparemment ! Jenny était bien la fille de M. Forster. Elle n’était point la patience même. Ce reproche de contradiction l’avait dépitée ; elle trépignait. Toutefois elle sentit qu’une discussion prolongée par elle à ce moment eut été messéante. – Vous connaissez mieux que moi ce qui est interdit ou défendu en matière de convenance, dit-elle faisant sous cape sa petite moue. Mon premier devoir à moi est de vous obéir. Si vous désirez que je visite avec vous mon cousin, je suis prète à vous suivre.