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ble lorsque le lendemain de la seconde de ces poétiques excursions nocturnes de Jenny, ne la voyant pas descendre à l’heure du punch, il apprit des gens qu’il interrogea, qu’après le déjeuner elle était sortie pour aller chez M. Coates. Bien en prit à miss Forster de ne pas rentrer au moment où son père reçut cette information. Elle eût essuyé une bien furieuse bordée de colère. Heu-. reusement, à arpenter seul en tous sens le terrain assez vaste du parloir, et à gesticuler en proportion jusqu’au dîner, M. Forster eut tout le temps de dépenser la première énergie de son emportement, de sorte que lorsque sa fille parut à table, il était raisonnablement apaisé, et ne montrait plus guère que la mine froide et grave d’un père qui va gronder avec modération. Le repas fut des plus tristes qui se soient faits jamais en tête-à-tête. Mortimer n’était point descendu. Le fromage et les fruits étaient enlevés, que le silence n’avait pas encore été rompu. Votre façon d’agir n’honore pas démesurément votre sensibilité, dit enfin le sévère gentleman ; vous vous divertissez les nuits en vos orgies poétiques, vous allez voir les matins l’exhibition de M. Fitz-Gérald ; puis, sans le moindre remords, vous laissez seul au logis un malade qui n’est en danger que parce qu’il vous a sauvé la vie. —

– Mais, mon père vous me traitez bien dure- -