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LA PRÉCIEUSE.

LA PRÉCIEUSE. rêt, et dans ses sentiments une élévation, qu’elle n’avait pas encore remarqués. Il s’était révélé à elle doué d’une supériorité dont elle n’avait pas eu jusque là l’idée. Cette timide voix du cœur, entendue déjà, avait reparlé plus haut chez la jeune fille. Mais en revanche, les soirs de ces deux mêmes journées, la voix de l’imagination avait repris le dessus, et

le nuageux M. Fitz-Gérald avait obscurci de nouveau les chances de son rival. C’est qu’il y avait eu, on le devine peut-être, chez MM. Coates et MM. Appleby, deux soirées d’azur auxquelles Jenny n’avait pas manqué d’assister, et où elle avait rencontré le grand FitzGérald, qui avait été plus empressé, plus malheureux, plus exalté, plus extravagant que jamais près d’elle ; il avait même risqué une déclaration, non pas encore positive, mais un peu moins mystérieuse que ce n’était sa coutume. Quant à M. Forster, sa mauvaise humeur ne l’avait pas quittée. Les réponses évasives et légères de sa fille lui étaient restées sur le cœur. Bien qu’il ne lui eût en aucune façon défendu de sortir, il lui en voulait en outre beaucoup d’ètre allée deux soirées de suite à ces routs soi-disant littéraires qu’il détestait par-dessus toute chose, et où il était convaincu qu’elle laissait à chaque séance un peu du reste de raison qu’elle avait gardée. Le mécontentement du vieux gentleman fut porté à son com-