Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de lady Betty.djvu/330

Cette page n’a pas encore été corrigée
90
LA PRÉCIEUSE.

LA PRÉCIEUSE. Jenny, laissée à elle-même, n’avait plus un moment songé à se rendre chez sa tante. Elle avait trop compris que l’autorisation de M. Forster était une défense formelle. Elle envoya dire qu’on ne l’attendit point. Aussi bien elle avait besoin de solitude. Elle était encore étourdie du coup dont l’avait frappée la demi-confidence imprévue des projets de son père sur elle. Elle fut donc s’enfermer en sa chambre, et elle y considéra longuement la nouvelle position délicate et difficile où elle était placée.

Voici le résumé des questions principales sur lesquelles roula son examen :.

Deux choses d’abord étaient certaines, son involontaire orgueil féminin ne lui permettait pas de le révoquer en doute, c’est que deux prétendants l’adoraient concurremment, et qu’elle adorait assurément l’un des deux.

Ces deux certitudes établies, la seconde se subdivisait, et il en résultait un doute. Lequel des deux soupirants aimait-elle décidé ment ?

Elle ne se le dissimulait pas, Mortimer avait bien quelques titres. Il était si bien fait et de si belle mine, puis il était brave et spirituel : en outre il lui avait à peu près sauvé la vie ; c’était là, à vrai dire, le surémiment mérite de ce premier prétendant. Un libérateur ! cela était touchant et poétique ! Il